Nucléaire et Hydroélectricité
L'acceptation de l'initiative pour "une sortie programmée du nucléaire" serait-elle un atout pour une hydroélectricité en perte de compétitivité ?
Les communes concédantes des Grisons ont décidé d'accepter l'initiative "sortir du nucléaire" tandis que le Valais hydraulique veut la refuser. Comment comprendre que ces deux cantons alpins qui sont les premiers producteurs d'énergie hydroélectrique du pays, totalisant à eux deux près de la moitié de la production hydroélectrique (environ 17 TWh/a), aient une telle divergence de vue ?
Commentaires
Le canton de Berne l’a décidé, il a abaissé le montant de la redevance hydraulique pour donner une bulle d’oxygène aux propriétaires de barrages. Swisselectric, l’organe faîtier des grands producteurs suisses, gronde. Pour lui, le montant de la redevance doit être fonction du prix de l’électricité. En clair, c’est aux collectivités publiques de supporter les risques du marché. En très clair, c’est aux régions de montagne de payer la facture du libre-échange européen. Du côté des Grisons, on tremble déjà. Les communes concédantes du canton appellent à voter la sortie anticipée du nucléaire à la fin du mois, pour sauver les barrages et leurs indispensables redevances. Or, il n’en sera rien. C’est la maladresse des habiles de Mauriac. Les cinq réacteurs nucléaires suisses et leur vingt-sept milliards de [kWh] annuels ne représentent que 0.8 % de la production électrique du continent, une goutte d’eau qui ne peut influencer les prix.
A l’heure du libre-échange, notre pays n’a plus aucune influence sur sa politique énergétique.
La fermeture anticipée des centrales nucléaires n’aidera donc pas l’hydraulique. En revanche celle-ci finira de serrer le nœud coulant que le Parlement a installé autour du cou des électriciens suisses lors de la libéralisation du marché en 2008. Ces entreprises, déjà en mauvaises postures, seront incapables de pallier à l’insuffisance de financement du fond de démantèlement des centrales et n’auront pas les ressources nécessaires pour investir dans de nouveaux moyens de production, inévitablement non-rentables face à la concurrence déloyale étrangère.
Voter oui le 27 novembre, ce n’est qu’être l’idiot utile des gouvernements européens qui subventionnent massivement leurs producteurs, dans l’espoir de tuer la concurrence pour s’imposer sur ce marché des plus stratégique.
En Valais en revanche, on reste ferme. Ou plutôt, conscient des enjeux, on ne froisse pas nos partenaires. L’Etat défend, avec raison, la redevance maximale, le Parlement vote la nouvelle loi sur la force hydraulique sans attendre une politique énergétique fédérale cohérente, les communes concédantes restent discrètes et nos parlementaires fédéraux soutiennent sagement la subvention à la grande hydraulique, qui ne fait que retarder l’échéance, à la manière du condamné sur l’échafaud : "Encore une minute, monsieur le bourreau".
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